Mon histoire :
Je m’appelle Elizbeth Annahbel Darst. Je suis née dans la misère et la famine. Mes parents, bien qu’ils étaient heureux d’avoir deux bons enfants en santé, étaient eux-mêmes affaiblis par les conditions du district où nous vivions. J’avais un frère de deux ans mon aîné. Nous étions inséparables et très complices. Nous pouvions nous comprendre que par un simple regard. Il avait, pour habitude, de me protéger de tout et de veiller à ce que mon petit bonheur ne soit pas brisé.
Nous avons commencé à travailler jeune rejoignant ainsi mon père au boulot. Ma mère était au foyer. C’est ainsi que cela fonctionne dans mon district. À la minute où tu étais capable de soulever une pelle, un sac en bandouillère ou une fourche, tu étais tout de suite engagé dans les champs ou les usines. Pour ma part, j’ai commencé avec un sac en bandouillère, comme la majorité des petites filles de mon âge; soit cinq ans. Nous n’avions qu’à porter le sac et suivre les adultes qui plantaient les graines de céréales. Nous pouvions travailler pendant huit heures avec seulement une petite pause pour aller manger quelque chose de rapide. La fin des journées était le meilleur moment! Évidemment! Karl (mon frère) venait me chercher à l’entrée du champ et nous nous rendions à la maison afin de passer une soirée avec les parents. Karl travaillait dans les usines. Les jeunes garçons étaient sélectionnés dès sept ans.
Nous avons passé une enfance relativement normale, si on se réfère aux autres enfants du district. Cependant, j’ai vu mon monde changer lors de mon quinzième anniversaire. Mon frère, alors âgé de dix-sept ans, nous a présenté sa copine. Aux premiers abords, j’étais heureuse pour lui jusqu’au moment où elle a décidé de me le «voler». Il s’est passé un an pendant lequel, je revenais seule à la maison alors que lui allait chercher Ericka et la ramenait chez lui. C’est comme si je n’existais plus. Il avait mis fin à toutes nos petites habitudes et c’est là que j’ai compris le sens du terme, jalousie. J’en voulais tellement à Ericka que s’en était malsain. Elle était en train de me voler mon frère, mon rayon de soleil et ça me puait au nez. Évidemment, après quelques mois, j’ai décidé de lui en parler, mais je me suis fait revirer de bord par mon frère en me faisant dire que je me faisais des idées et que ça n’avait aucun sens ce que je racontais.
J’ai donc laissé couler en me faisant à l’idée que ma vie avait changé et que c’était normal. Je me rendais donc aux champs, comme à chaque jour, en me disant que peut-être ça pourrait redevenir comme avant. Lorsque mon frère a eut dix-huit ans, il nous a annoncé qui quittait la maison familiale et qui allait s’installer dans une minuscule maison avec Ericka afin de vivre leur vie. Erreur fatale de sa part ! J’arrêtai de lui parler à partir de ce jour. Je n’eus aucune nouvelle de sa part non plus. Quelques mois plus tard, je rencontrai un garçon. Il me semblait déjà l’avoir vu, mais où? Bref, il avait été déplacé dans mon secteur pour cause qu’il s’était casé le bras et qu’il était bon à rien pour lever des poids, comme ils lui ont fait comprendre.
Il s’appelait Henrik. C’était le fils aîné de mon troisième voisin. Voilà où je l’avais déjà croisé. L’année passa et nous apprenions à nous connaître tranquillement. Il fut déplacé à nouveau dans son ancien secteur, mais nous nous voyions le soir. Malgré moi et ma réticence, il réussi à briser mes barrières et je tomba en amour avec ce jeune homme. Prenant mon courage à deux mains, je le présentai à mes parents. Ils l’accueillirent avec la plus grande joie. Puis, à mes dix-huit ans, il me fiança. En premier lieu, j’étais complètement paniquée, mais ma mère réussit à me mettre en confiance.
Puis, vint la pire période de l’année … la période où deux jeunes seraient choisis pour aller participer aux jeux des Hunger Games. Comme à chaque année, nous priions afin que cela ne tombe pas sur nous. Cette année là, je souhaitais même qu’Ericka ne soit pas choisie. Je lui avais pardonné malgré moi, lorsque j’avais compris le nouveau mode de vie que cela impliquait lorsque nous étions en couple avec quelqu’un d’autre. Malheureusement pour moi, ce fut Henrik qui sorti du bocal de verre. Mes jambes se dérobèrent sous mon frêle poids. C’était impossible! Pas mon Henrik! Nous venions de nous fiancer, il m’avait demandé en mariage! Il ne pouvait pas partir de la sorte. Perdue dans mes pensées, je sentis deux bras m’empoigner et me soulever. Je ne remarquai pas tout de suite qui c’était. J’étais simplement figée et horrifiée à l’idée qu’il ne puisse me revenir. Il finit par sortir de la foule et je me reconnecta à la réalité lorsque son regard croisa le mien. Je crus défaillir de nouveau lorsque je vis une larme perlée sur le coin de son œil et venir s’écraser sur sa joue, si douce. Je sentis la nausée monter. Cela ne devait pas se passer de la sorte. Pas comme cela! J’essayai tant bien que mal de me dégager des mains de la personne qui me soutenait, mais deux autres bras se serrèrent autour de mes bras. Les larmes coulèrent abondamment sur mon visage et j’avais juste le goût de hurler mon désespoir. On ne me laissa pas faire. Une main s’était écrasée sur ma bouche et quelqu’un me murmurait des paroles qui se voulaient réconfortantes à l’oreille. Je fermai les yeux tout en essayant de me contrôler. Sinon cela serait un Pacificateur qui se donnerait à cœur joie … Je n’entendis pas le nom de la fille. Je su que ce n’était pas moi, lorsque je vis au loin une gamine montée les estrades. Encore, une enfant envoyée à l’abattoir … Quelle vie de merde! Je finis par lever mon regard et je croisai ses yeux. Ses magnifiques yeux bleus. Je vis un minuscule sourire s’affiche sur le coin de ses lèvres, comme s’il essayait de me convaincre que tout allait bien se passer. Mensonge! Les bras qui me tenaient finir par me lâcher et c’est là que je remarquai à qui appartenaient ces mains. Ericka et mon frère! Sans plus de cérémonie, je me jeta à son cou, beaucoup trop bouleversée pour me rendre compte que cela faisait bien deux ans que je ne lui avais parlé.
Ce jour annonça ma longue descente aux enfers. Je dû lui faire mes adieux en cinq minutes. Lui dire que je l’aimais de tout mon cœur. Il m’avait promis de revenir pour me voir remonter l’allée et que nous allions nous marier coûte que coûte! Cependant, cela ne se passa pas comme il l’avait prévu. Je le vis mourir sur l’écran géant. Ma vue s’était bouillée et je ne me rappelle pas du reste. Simplement que je me suis retrouvée coucher dans mon lit. J’avais pris quelques jours pour accepter sa mort, accepter qu’il était vraiment parti. Malheureusement, je devais aller travailler quand même ... J’avançais comme une automate, un robot programmé à planter, soigner et récolter des céréales.
Ma vie se résuma à cela. Je me levais, je partais travailler, je me couchais et la boucle recommençait. Je passa par une période dépressive jusqu’au jour où j’en eu assez de cela. Je décidai de me relever les manches et de surmonter ma peine. Je me grava une façade sur le visage, ne laissant rien m’atteindre.
Un soir, en rentrant du boulot, je pris un raccourci; va savoir pourquoi! Depuis quelques jours, je me sentais épier et suivie, mais je n’en fis pas de cas. Cela devait être mon imagination. Je pris donc le raccourci et je cru jamais en ressortir. Je tombai face à face avec Buck, un des Pacificateurs. Je su ses intentions à la minute où il osa me toucher la joue et me coller au mur de la maison. J’étais paralysée de terreur et je ne savais pas quoi faire. C’était un Pacificateur, je ne pouvais donc rien faire. Non?!
Au moment où il glissa sa main sous ma chemise, les larmes coulèrent sans que je puisse les essuyer. Je tentai de la repousser et ce fut la goutte qui fit déborder le vase. IL me gifla en me hurlant d’arrêter de pleurer comme une gamine et que je n’avais pas intérêt à pleurer que j’allais aimer cela, selon ses dires. Plutôt mourir oui! Il m’avoua qu’il avait attendu ce moment depuis longtemps et qu’il était bien content de ne plus avoir Henrik dans les pattes. Au son de son nom, je me suis mise à lui hurler dessus et à le frapper de toutes mes forces afin de m’échapper. De quel droit avait-il de prononcer son nom comme si de rien n’était?! Je réussis donc à sortir de la ruelle et je tombai face à face avec Ericka et mon frère. Par chance! Sans perdre une seconde, lorsqu’il vit mon état et que je lui expliqua rapidement, il disparu au fond de la ruelle. Je pleurais à chaudes larmes, blottie dans les bras d’Ericka. J’avais peur pour mon frère, peur qu’il se fasse tuer. Finalement, je le vis sortir un sourire aux lèvres. Il m’expliqua que je ne risquais plus rien, qu’il lui avait fait comprendre de ne plus jamais m’approcher.
Cependant, nous n’avions pas prévu que deux jours plus tard, une garde de trois Pacificateurs débarquent à la maison et demande de voir mon frère. Ils ne semblaient pas savoir qu’il n’habitait plus avec nous. J’avais eu le temps d’expliquer la situation à mes parents et mon frère, sans réfléchir, se livra à eux afin de sauver la vie de son unique garçon. Je compris ce jour là, le définition du mot courage et dévouement.
Mon père se fit tuer sur la place publique pour avoir osé lever la main sur un Pacificateur. Il avait prit la faute afin que Karl survive. Je m’en voulu aussi de cela. C’était de ma faute après tout, si je n’avais pas pris ce raccourci.
Bref, à partir de ce jour là, ma mère dû retourner aux champs afin d’apporter un autre salaire à la maison. Nous tombions dans une nouvelle routine où aucun sourire n’était échangé. J’avais perdu l’homme de ma vie et mon père. Qui serait le prochain?
Ma mère tomba malade et mon frère revint à la maison. Ils s’installèrent et nous vivions tous ensembles. Nous allions travailler toute la journée pour revenir à la maison que le soir tard et prendre la relève pour soigner ma mère. La voisine de droite venait passer la journée avec ma mère afin de la soigner. Elle avait attrapé une mauvaise grippe.
J’avais à peine, maintenant 23 ans, mon corps portait les marques du dur travail. J’avais des problèmes de dos et mes mains étaient écorchées partout. Mon visage avait perdu son éclat et nous semblions être des enfants qui avaient grandis trop vite.
Mes seules occupations étaient donc de travailler, soigner ma mère et préparer les repas pour nous quatre. 23 ans et une vie déjà détruite …