« Qui n'a pas d'enfant, n'a pas d'étoiles dans les yeux »
Dix-neuf mai. Ce fut le premier jour de ma vie. Pas encore le dernier. Je suis né à Panem, dans le district un. Mes parents étaient jeunes quand je suis arrivé. Ils avaient prés de vingt-deux ans tous les deux, mais pourtant ils m'ont longtemps désiré. Ils se sont mariés à l'âge de vingt ans, et pendant deux longues années pour eux, ils ont essayé de me concevoir. Quand ma mère tomba enceinte, mes parents furent les plus heureux du monde et encore plus lorsque je suis né. En vous racontant, cela, vous vous imaginez déjà, une vie rose et dans un monde heureux ? Non, Panem était loin d'être tranquille, il était gouverné par un dictateur, Snow et chacun vivait dans la peur à l'arrivée des Hunger Games. Alors même si, l'arrivée d'un enfant, réjouissait au plus haut point mes parents, l'angoisse était toujours présente. La peur du sacrifice lors de la moisson. Mes parents tenaient une joaillerie, et depuis ma plus tendre enfance, j'ai été fasciné par les joyaux qu'ils pouvaient bien confectionné. Toutes ces pierres qui brillaient et scintillaient de milles feux étaient comme un bel arc en ciel, qu'on peut décrire dans les livres ou à l'école. En parlant d'école, lorsque j'ai été en âge d'y aller, mon père a commencer mon entrainement. Entrainement pour rendre fière la famille si j'étais sélectionné pour aller dans l'arène, entrainement pour survivre aux autres et à l'enfer des Hunger Games. Je n'ai jamais compris les motivations de mon père, pourquoi s'acharnait-il sur moi, alors que je ne voulais pas devenir une machine à tuer comme la plupart de mes camarades ? Il a continuer pourtant à me pousser encore et encore.
« Papa, stop, j'en peux plus. », avais-je supplier alors que je n'avais que neuf ans. Je me souviens du regard qu'il m'avait adressé. Un mélange de sévérité, de froideur et d'agressivité, j'avais tout de suite regretter mes paroles. Il a lever la main et m'a frappé au visage, puis il m'avait attrapé les épaules et avait approché son visage du mien.
« Tu crois que les autres tributs te laisseront souffler si tu atterri dans cette arène ? », s'est-il écrié et j'ai fais signe que non.
« Alors on continue. », et les larmes ont commencer à brouiller ma vue. Je me suis alors enfuit loin de mon père. Le seul endroit que je savais sûr, c'était chez mon grand-père, le parfumeur. Un homme à la barbe grisonnante, et avec une dent en or dont je m'étais toujours moqué. C'est à partir de ce moment, que je décidais de venir de réfugier chez lui dés que ma vie se faisait plus noire. Il m'a beaucoup appris, tellement appris sur la confection de parfum, et m'a rendu heureux pendant des moments que je croyais bien trop sombre. Puis, s'en est suivi de nombreuses moissons, à chaque fois, j'avais la trouille. Et ensuite est venu la moisson fatidique. Les soixante et onzième Hunger Games.
« Eamonn Hempstead. », entendis-je à peine, ce n'est que lorsqu'on m'agrippa les bras que je compris que c'était mon nom qui était sorti. Trop hagard, aucune larme ne vint, les gens du Capitole ont du me prendre pour un fou, mais qu'importe, je suis rester stoïque encore sous le choc. Je vis le visage attristé de mon grand-père et de ma mère, ainsi que le sourire de mon père. Visage que j'emmenais avec moi dans l'arène. Sous les coups de canons de la première journée, je fermais les yeux, caché dans un buisson. Pourquoi étais-je ici ? J'avais envie de pleurer, mais la colère était bien trop forte. Je voyais encore le regard vide des autres tributs, ceux qui était morts sous mes yeux. Je me demandais pourquoi rien ne changeait dans Panem ? Je voulais crier, mais tout resta coincé dans ma gorge, car je savais qu'on pouvait me repérer à tout moment.
« Le gagnant des soixante et onzième Hunger Games : Eamonn Hempstead. », annonça la voix, alors que je venais de transpercer le dernier tribut avec ma lance. C'était fini, je rentrais chez moi. Pourtant, je me mis à pleurer. Je venais d'ôter la vie, et je rentrais chez moi, victorieux aux yeux des autres, mais détruit à l'intérieur.
« Cela prend qu'une minute pour remarquer quelqu'un, une heure pour l'apprécier, un jour pour l'aimer, mais on a ensuite besoin de toute une vie pour l'oublier.»
Mon retour correspondit avec l'état de mon grand-père qui commença à se dégrader. Moi qui avait toujours cru qu'il avait des rhumatismes - car mes parents n'avaient pas démenti - mais il s'avéra qu'en réalité, il était atteint de la chorée de Huntington ... Une maladie héréditaire incurable d'évolution inexorable vers la mort. Une maladie affectant les fonctions motrices et cognitives aboutissant à une démence. Et j'apprenais maintenant, que je pouvais l'avoir. J'ai eu peur, mais j'ai tenu bon aux côtés de mon grand-père, mon mentor. J'ai repris le flambeau de la parfumerie. Et il a fini par s'éteindre lentement, des années plus tard, dans la souffrance. Courir. Courir encore, ne pas se poser de question. Vivre, tout simplement. Voilà ce que j'avais fait avant d'enfin accepter la mort de mon grand père. Et la possibilité que, peut être, un jour futur, j'en soit réduit à mourir, moi aussi de la sorte. Rien n’était sur, et je ne voulais pas savoir. Je quittais le district pour partir vers le Capitole, pour aller vendre mes parfums. Je prévoyais tout sauf l'imprévisible. Si j'avais vu mon avenir, peut être que je ne serais pas parti de chez moi. Pour éviter de souffrir et de faire souffrir la personne qui a pris mon cœur. J'avais à peine poser un pied là-bas que je tombais déjà sur elle. Je m'étais fait entrainer par des personnes peu fréquentables. Personnes qui m’emmenèrent dans un club ... particulier. A la simple vue de cette femme, je n'ai pas pu me défaire de cette vision. En rentrant à l’hôtel, je ne pouvais m'empêcher de penser que je voulais plus. Je voulais la connaître, savoir qui elle était, pouvoir croiser son regard, la voir sourire. Mon dieu, que je me trouvais niais en cet instant. Moi, qui étais si réservé et fermé, sombre après les jeux. La semaine suivante, j'ai pris mon courage à deux mains et j'ai repris le chemin du club. J'avais le ventre en vrac, rien qu'à l'idée de la revoir, j'espérais tant de cette rencontre. Elle, vêtue d'un peignoir, et moi, j'étais un peu tétanisé. Elle me lança un regard langoureux, j'entrais à sa suite dans la chambre. Puis, elle enleva le seul vêtement qui l'habillait, me laissant voir son corps dénudé. Bien que splendide, je ne pus me contenir.
"Non, non, remets ton peignoir, je veux y aller doucement. Enfin, je veux que cela soit bien.", m'exclamais-je. Mais après tout, à quoi m'étais-je attendu ? Que nous discutions toute la soirée ? C'était une prostituée, et moi, je ne savais pas comment faire. Elle s'exécuta, s'approchant de moi. Je ne sais pas si elle comprenais pourquoi j'étais aussi mal à l'aise.
« Ton prénom ? », souffla-t-elle à mon oreille. J'eus le souffle coupé, et j'eus du mal à déglutir alors que je lui répondais.
"Eamonn" et elle continua sur sa lancée.
« Tu est sûr que tu es au bon endroit ? ». J'inspirais et posais mon manteau sur une chaise, commençant à déboutonner ma chemise.
" Oui. Je ne veux juste pas être ... trop rapide .", lui avouais-je. Je décidais ensuite de me laisser aller, de ne pas la considérer comme une fille qu'on paye. Seulement, une femme. Point. Je m'approchais d'elle, doucement. Je me laissais guider par mon instinct. Je déposais ensuite un baiser dans son cou, délicatement, comme si elle était une chose fragile. Je continuais sur ma lancée, la serrant un peu plus, continuant à couvrir sa peau de baisers. Jusqu'à sa bouche, dont elle m'interdit l'accès en un bref mouvement de recul. Je ne compris pas tout de suite mon erreur.
" Est-ce que j'ai fait quelque chose de travers ?", lui demandais-je, étonné. Elle rougit.
"Non, c'est juste que ... je ne peux pas ... je ne peux pas embrasser quelqu'un si je ne l'aime pas vraiment et je ne vous connais ... même pas.", déclara t-elle. Elle avait raison.
"Je suis vraiment désolée, mais je comprends tout à fait. ", opinais-je. Je me rapprochais de nouveau. Elle accrocha ensuite ses jambes autour de ma taille. Sa peau contre la mienne, je regrettais de ne pas pouvoir gouter à ses baisers. Je passais ensuite mes mains dans son dos, maladroit et peu sûr de moi. Son parfum ne cessait de m'enivrer à chaque respiration que je faisais en embrassant sa peau. Je l'emmenais ensuite doucement vers le lit, la posant délicatement sur les draps. Cette nuit fut la plus mémorable de ma vie. Je me réveillais dans le lit, elle, couchée sur mon torse, jouant avec mes doigts. Je ne pus m'empêcher de soupirer.
"Je vais devoir y aller, mais je reviendrais. Seulement je ne reviendrais pas pour la même chose.", dis-je avant de me lever. Elle était recouverte d'un simple drap, le souvenir de cette nuit encore frais, et je ne pouvais m'empêcher de me retourner. Je me rhabillais, déposant par la même occasion un billet sur l'oreiller. Je ne pus me retenir et lui offrit un baiser sur sa joue fraiche.
"J'aurais préféré ne pas devoir repenser que je devais te payer, mais je préfère que cet argent te revienne.". Je lui souriais briévement avant de sortir de la pièce. En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, je suis tombé amoureux de ce petit bout de femme. Chaque fois que je ferme les yeux, elle m'accompagne dans chacune de mes pensées. Après un mois ensemble, je devais rentrer dans le 1, alors nous nous sommes promis de laisser le hasard et le destin faire pour nous. Sauf que de mon coté, je ne cessais de penser à elle, elle me hantait. Quand je l'imaginais au bras, dans le lit d'un autre homme que moi, j'en étais malade tout simplement. Je voulais qu'elle soit avec moi, je voulais être avec elle et personne d'autre. Puis je me suis résolu à découvrir si j'avais ou non, la maladie. Un coup de massue pour moi, même si je m'y étais préparé, car oui, j'étais atteint moi aussi. Je ne savais pas combien de temps, il me restait à vivre sur cette terre. De plus, je ne pouvais pas laisser ma chance d'aimer passer sous mes yeux sans rien faire. Alors j'ai forcé les choses, je me suis rendu au Capitole, pour un nouveau voyage d'affaire, encore une fois. Bien sûr, je lui proposer une centaine de fois de prendre ses clics et ses clac, puis de partir, mais elle n'a pas voulu. J'ai respecté son choix, après tout c'était elle que je voulais, je l'aimais. Alors je l'ai attendu, même si c'était dur. J'ai fini par la faire sortir de ce taudis. Je savais qu'elle était malheureuse, alors je l'ai aider. Néanmoins, elle n'a pas voulu quitter le Capitole. Mais avec un nouveau travail, et un nouveau logement, elle transpirait le bonheur. Quelques jours avant mon départ du Capitole, j'avais pris mon courage à deux mains et je lui avais annoncé ma maladie. Elle m'en a voulu, elle m'en veux, certainement encore. Je l'ai lu dans ses yeux, j'ai bien vu qu'elle refusait d'y croire. De croire que chaque jour était précieux pour moi. Je ne voulais pas la privé d'une vie heureuse, car la mienne se finirait certainement dans la douleur. Je voyais à quel point, elle en souffrait. L'amour fait faire des choses idiotes. Je suis parti et je ne lui ai plus donné de nouvelles. Voulant qu'elle m'oublie et vive sa vie comme si nous ne nous étions jamais rencontré. J'ai résister à la tentation de la recontacter, de savoir comment elle allait, de lui dire que j'allais "bien" pour l'instant ... La seule qui ai jamais compté, la seule qui sait me faire passer du rire aux larmes, celle qui a emporté mon cœur avec elle. Mais, je l'ai laissé partir. Comme j'aimerais lui donner au moins une explication, une cause de départ. Lui dire à quel point, cela me fait mal d'être loin d'elle mais que je dois le faire parce que je l'aime comme un fou, que je l'aime à en crever. Pourtant c'est ce qui va se passer, je l'aimerais chaque jour de ma misérable vie, jusqu'à ce que j'en crève, jusqu'à ce que la maladie m'emporte. Mais, j'ai du la laisser.
« Se souvenir ranime ; vouloir se souvenir détruit. »
La rébellion a frappée Panem, et nous avons découvert que le treize existait encore. Je ne savais pas quoi faire. Rester les bras ballants ou bien me mettre contre le gouvernement qui m'avait anéanti. Des rumeurs courrait sur le Capitole. Rumeurs qui disait que la ville était entrain de s'effondrer. Mes pensées allèrent directement à ma bien-aimée et alors, je me joignais aux rebelles. Et alors, que l'on atteignait le Capitole, le visage strié de blessures. Je regardais chaque civil, chaque femme avec appréhension. Comme si ils pouvaient être elle à chaque instant. Mais, je ne l'ai jamais trouvé, mais j'ai vu le Geai Moqueur abattre Coin à la place de Snow et je ne l'ai pas compris. Je n'ai pas compris son geste. Mais qu'importe, voilà un an que la paix est revenue. Pourtant, j'ai perdu mon père dans la bataille, je prends soin de ma mère. Elle continue de s'occuper de sa joaillerie et moi, de la parfumerie. Je ne cesse de m'interrogeais : est-elle encore en vie ? Alors, je la cherche, dans chacun de mes voyages -certes difficile à organiser- et grâce à mes contacts que j'avais nouer lors de la rébellion, je cherche aussi à recréer son parfum à travers mes fragrances. La vie a repris son cours, mais l'avenir est quand même de plus en plus incertain.