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 Un premier jour d'été (Elizbeth)

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MessageSujet: Un premier jour d'été (Elizbeth)   Un premier jour d'été (Elizbeth) EmptyDim 30 Déc - 0:58

Le silence. L’obscurité. Cette sensation de froid. D’où provient-elle? Je me sens encore coincé. Toujours coincé lorsque l’air prend cette froideur, lorsque j’ai cette impression que le sol tremble sous moi puisque les battements de mon cœur sont surpuissants. Pourquoi me suis-je poser la question. Je sais exactement où je suis. Je suis avec lui. Dans cette petite pièce toute blanche, sans fenêtres, au plancher d’une douceur écœurante. Cette odeur de fleur. Une rose. Humer se parfum m’attire et me donne la nausée en même temps. Comment une chose aussi inoffensive en apparence peu me faire ressentir des émotions aussi contradictoires. Il me suffirait d’un mouvement, d’un geste d’une simplicité enfantine pour écraser la rose… mais elle est attachée solidement à cet homme. Il est toujours là lorsque j’ouvre les yeux dans la chambre. C’est comme s’il était le cinquième mur de cette pièce, bien qu’un tel mur soit futile et envahissant dans ma situation actuelle. J’essaie de prononcer un mot, le son se bloque, comme toujours. Mes yeux sont trop lourds, mes paupières se referment. Comme toujours. Il va s’en aller, puisque je ne suis toujours pas en état de lui crier de partir. Il a compris, depuis tout ce temps, que mes yeux étaient le reflet de ma condition mentale. S’ils se refermaient, mon cerveau en faisait tout autant. Mais pourtant, je sens une main d’une chaleur suffocante sur moi. D’abord sur mon épaule, puis sur mon front. J’en tremble. Normal, je suis toujours gelé, comme si ma vitalité m’avait abandonné. Mon corps connait bien des incompétences à cause de ma tête et celle d’être inapte à me réchauffer en fait partie. Je sais que c’est lui qui me touche, mais la puissance des mes paupières closent m’empêche d’en être certain. L’odeur n’a pas disparu, je sais qu’il est toujours là. Si prêt de moi et pourtant si loin. Je recommence à divaguer, je n’arrive pas à me reconnecter suffisamment longtemps pour lui vomir au visage ma rage et mon dégoût de son geste.

Soudain, ses doigts s’enfoncent dans mon cou. Je sens ma tête frapper le sol moelleux. Je ne ressens pas la douleur, car tout ici est fait pour ne pas que je me blesse volontairement. Des mots sont prononcés. Mon oreille m’en informe, mais mon cerveau ne les saisit pas. Puis, tout devient clair, mes yeux s’ouvrent et je cri en silence. L’une des aiguilles de la rose me pique, s’enfonce dans la chair de mon bras comme dans du beurre et la déchire tel un tigre terrifiant. Un second cri s’endort dans le plus creux de ma gorge. Il est furieux, je vois son visage se déformer, se transformer par sa haine. Si seulement il pouvait me tuer… Je serais enfin libre de vivre de nouveau s’il me tuait! Je le supplie intérieurement. De tout mon âme je lui demande de m’achever. Puis, comme s’il comprenait ma demande, il me sourit. Un gigantesque sourire dont les dents blanches forme un mur, une barrière qui m’emprisonne dans cette pièce. Je suis coincé. Il vient, par ce geste anodin de me condamner à pourrir dans cette horrible chambre blanche. Le blanc. Tout ce blanc. Tellement blanc que j’en frissonne. Enfermer à jamais dans la blancheur, aussi blanche que le nom qu’il porte…

Réalisant ma solitude, je lève des yeux ternes vers la porte. Elle a été verrouillée. Mais, c’est le sourire de l’homme du Capitole qui me paralyse, non cette barrière physique. C’est lui qui me garde prisonnier du néant, de l’enfer de ma tête. L’homme à la barbe blanche. Le blanc. L’homme blanc… Laisse-moi sortir! LAISSE-MOI SORTIR!!!


Je me réveille en hurlant. Autour de moi, les gens sursautent et me regardent avec haine. Pourquoi me déteste-t-ils? Est-ce parce que je me suis assoupie sur ce band tout près de l’entrée des terres? Oui, nous sommes en plein jour, mais j’avais voyagé toute la nuit. Voilà presque trois jours que je n’avais pas trouvé le sommeil car je voulais absolument atteindre le district 9 avant la fin du printemps. L’été dans cet endroit est tout simplement sublime. Le soleil qui réchauffe juste assez pour se sentir bien, mais pas trop pour avoir constamment soif. Je comprends pourquoi les plantes se dévoilent aux habitants de ce district, à une température aussi agréable. Chez moi, les choses sont différentes. Il n’y a jamais la bonne quantité de soleil, de vent ou encore de nuages. Tout est désordonné et cela donne des résultats imprévisibles et bien souvent décevant. Il n’y a que le district 9 qui offre de telles conditions. J’en avais déjà discuté avec un boulanger du coin. Il habite tout au bout de cette rue justement. Il n’a connu que ce district, il avait donc du mal à imaginer comment la température pouvait être « moins » agréable dans le 3. Pourtant, il avait fait un réel effort pour me comprendre et son sourire avait finit de me convaincre d’acheter une deuxième miche de pain, même si j’en avais suffisamment avec celle que je lui avais déjà prise. Suis-je trop naïf ou bien tous les marchants ici sont forts sympathiques. Non, c’est faux. Il y en a un, un jour, qui m’a reconnu et qui m’a presque jeté hors de sa boutique. Il faut dire que la première fois que j’ai mis les pieds ici, c’était il y a fort longtemps. Alors que je n’étais que le jeune adulte de 18 ans qui avait participé aux Hunger Games et qui les avaient gagnés au détriment de 23 autres enfants. Peut-être avait-il connu les deux jeunes de son district qui avait été envoyé contre moi. À moins qu’il était parent avec l’un d’eux… Quoi qu’il en soit, je ne lui en voulais pas de me haïr. Moi-même je me haïssais en repensant à tout cela. J’étais mort en sortant de l’arène après tout, mais ça personne ne le sait. Ils croient tous que j’ai été assez fort pour survivre à la final avec ce carrière. Ça doit être mieux ainsi, les faibles ne sont pas censé survivre aux jeux et si ce marchant apprends que j’en étais un, il aurait crié à l’injustice. Ou pas. Après tout, ça fait si longtemps.

Mes pas me portent vers les chemins des champs. En théorie, je ne suis pas vraiment autorisé à y entrer car chaque terre est la propriété d’une famille et moi je suis un étranger. Par contre, personne ne m’arrête. J’observe les gens travailler. Certains lèvent un regard épuisé sur moi. La plupart reste concentré à la tache. La chaleur augmente, il doit être midi car le soleil est à son plus haut. Je m’attarde un moment sur sa contemplation même si sa lumière m’éblouit jusqu’à me faire baisser le regard. Mon champ de vision se couvre de tâches et durant un instant je n’arrive pas à remarquer ce qui se trouve devant moi et puis…

-OUAAHH!

Le cri m’échappe, accompagné de la surprise et d’une sensation de perdre mon souffle. Quelque chose tombe devant moi et je trébuche à sa suite. Cela me prend un instant avant de réaliser que j’ai renversé quelqu’un. Non, quelqu’une. Je fronce les sourcils en la voyant. Son visage, bien qu’inconnu, ne m’est pas anodin. Ces traits ont réveillés quelque chose de profondément bien enfouie en moi, mais dont je n’arrive pas à identifier. Je me contente de la regarder, incapable de l’aider à ramasser ce qu’elle portait. Elle doit me prendre pour un abruti, c'est évident, mais je suis totalement incapable de réagir. Mon cauchemar s’impose à moi de nouveau et durant un instant je ne vois plus rien que les murs blancs de ma chambre du Capitole. Je n'arrive pas à chasser les images avec mon aisance habituelle. Tout ce blanc finit par m'étourdir et je reste absent à la réalité plusieurs minutes avant de finalement parvenir à la voir de nouveau. Qu'ai-je manqué? Si elle est toujours devant moi, c'est qu'il y a une raison, elle attend peut-être de moi que je m'excuse de mon comportement, bien qu'involontaire. Sans y réfléchir plus, j'ouvre la bouche :

-Pardonne-moi, je…

Que lui dire? Honnêtement, j’ignore comment formuler le tout pour que ça paraisse sincèrement et plein de regrets. Ça, je n'y avais pas vraiment pensé. Je me contente de la fixer en espérant de pas avoir aggravée la colère qu'elle pourrait me porter. Je suis vraiment nul pour sociabiliser!
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MessageSujet: Re: Un premier jour d'été (Elizbeth)   Un premier jour d'été (Elizbeth) EmptyMar 1 Jan - 0:01

Je devais avouer que la chute du Capitole nous avait apporté un peu de répit. J’étais soulagée de savoir que les Pacificateurs avaient désertés des districts et que nous pouvions enfin vivre sans la peur constante de faire quelque chose de mal et d’être puni par la suite. Mon frère nous avait rapporté que les limites entre chaque district avaient été effacées et nous pouvions nous promener d’un district à l’autre sans avoir de problème en retour. Cependant, nous n’avions jamais osé le faire. Nous préférions rester auprès de ma mère qui était toujours malade et alitée. Son état, heureusement, restait stable et ne s’aggravait pas. Cependant, nous devions rester près elle pour lui apporter les soins et essayer de garder la fièvre aussi loin que possible. Marth, la voisine de droite était venue souvent à la maison afin de rester avec elle alors que mon frère, Ericka et moi devions aller travailler. Maintenant, nous pouvions nous relayer sans demander de l’aide à Marth. Elle venait tout de même nous rendre visite afin de voir comment nous nous portions. Elle nous avait beaucoup aidé lorsque mon père s’était fait tuer. Nous étions tous trop bouleversés pour prendre soin de l’autre alors elle était venue rétablir l’ordre pendant quelques jours.

Même si le Capitole n’était plus, je me rendais toujours aux champs afin que nous pussions les garder en bon état et ainsi, nourrir les familles qui habitaient au district. Tous les travailleurs, nous nous sommes entendus, sur un parfait accord que maintenant nous avions droit à une heure de pause pour le dîner et que nous pouvions aller nous chercher de l’eau, comme bon nous semblait. Avant, nous devions économiser notre eau, car le seul moment de la journée où nous pouvions aller remplir notre gourde était pendant le quinze minutes de pause où nous devions manger. Dure affaire quand le point d’eau était à l’autre bout du champ. Bref, nous vivions dans de meilleures conditions … pas de pacificateurs à nous hurler dessus et à nous bousculer toute la journée, de l’eau à volonté … C’était déjà mieux non? De plus, nous avions décidé que les enfants en bas de 16 ans, les personnes blessées ou malades et les personnes âgées ne devaient plus travailler. Cependant, certains devraient faire plus d’efforts pour rapporter de la nourriture à la maison étant donné qu’ils étaient moins à travailler aux champs ou dans les usines.

Mon frère, Ericka et moi avions décidé de continuer. De toute manière, nous n’avions pas tellement le choix … D’ailleurs, aujourd’hui c’était une journée particulièrement chaude. Il faisait peut-être dans les vingt-huit degrés et il n’était pas encore midi. Certains tombaient sous la chaleur, mais beaucoup moins maintenant. Pour ma part, je portais toujours ce vieux chapeau en paille qui me servait à couvrir mon visage et une partie de mes épaules. Je l’avais depuis plusieurs années. En fait, je ne me rappelle pas à quel âge que je l’avais eu …, mais nous pouvions voir, de part les trous, son âge avancé.

J’avançais tranquillement à genoux au-travers les rangs de fraises. C’était la période de récolte de ces fruits au goût si exquis. En fait, c’était mon fruit préféré. Un pur délice surtout lorsque l’on pouvait les tremper dans du sucre blanc. Cependant, cela coûtait cher le sucre … nous en avions que très rarement à la maison. Bref, j’étais aux côtés d’Ericka, qui se trouvait à trois rangs de moi. Parfois, nous nous permettions de parler et d’échanger quelques paroles. Cela était agréable de pouvoir passer un commentaire ou de poser des questions à son voisin sans se faire donner une claque derrière la tête par un abruti de Pacificateurs. Nous prenions plaisir à savoir ce qu’ils étaient devenus. Ericka avait l’imagination assez développée pour imaginer la pire affaire qui leurs étaient arrivés. Mon rêve le plus cher était de les voir enfermer dans une pièce barricadée et de les voir brûler vifs! En fait, cela serait presque qu’un orgasme de les entendre hurler de douleur. Je pouvais les voir souffrir comme si c’était leur punition d’en avoir fait souffrir autant ici dans mon district. Ces gens me dégoûtaient au plus haut point … J’en avais reçu des coups aussi depuis ma tendre enfance; que ce soit des coups de bâtons, des coups de pieds, je pouvais affirmer que les pires étaient les coups de pelles rondes. Pratique comme outil, mais déplaisant quand nous nous en prenions un coup au visage. J’avais été défigurée pendant deux bons mois. Tout cela parce que j’avais échappé la poche de grains à maïs et que la moitié du sac s’était répandu au sol. Pourtant, je n’avais rien perdu et gaspiller. Nous pouvions les reprendre et les remettre dans le sac comme si de rien n’était, mais il fallait croire que j’avais mérité un coup de pelle pour cela.

Perdue dans mes pensées, je n’entendais pas ce qu’Ericka me racontait. Elle devait me parler encore de sa vie parfaite aux côtés de mon frère. J’attendais le jour où ils allaient m’annoncer qu’elle était enceinte. Je serais contente, vraiment, mais je savais que si cela venait qu’à arriver ils devraient repartir dans leur maison et me laisser seule avec notre mère. J’étais heureuse que nous habitions tous ensemble sous le même toit, mais je savais que cela était temporaire. Si seulement il pouvait être encore à mes côtés … Nous nous serions mariés et nous aurions eu des enfants, une maison … nos enfants auraient vécus dans un monde bien meilleur qu’il ne l’avait été …

Arrivée au bout du rang, je me levai pour me diriger vers le prochain, en compagnie de mes pensées. Sans plus de cérémonie, je sentis quelqu’un me percuter et je me retrouvai au sol parmi mes fraises fraîchement récoltées. Je levai immédiatement le regard vers la personne fautive, je savais que cela ne pouvait pas être Ericka étant donné qu’elle se trouvait en avant de moi avant que je me retrouve au sol. C’était qui cette personne qui ne regardait pas où elle marchait et qui me faisait perdre mon dur labeur? Je croisai enfin son regard et je le vis froncer les sourcils. Folle de rage, je me penchai pour ramasser mes fraises et les remettre dans les paniers. Pour qui il se prenait lui? Il se contentait de me percuter et il ne semblait même pas s’en rendre compte … Un vrai débile! Je ravalais ma colère lorsque Ericka se précipita vers moi pour m’aider. Je lui adressai un maigre sourire comme remerciement et elle repartit dans son rang. Elle savait ce qu’il allait se passer et elle savait que j’allais très bien me débrouiller seule. De toute manière, elle n’était pas bien loin s’il avait quelque chose.

J’entendis finalement l’abruti m’adresser la parole.

- Pardonne-moi, je …

Sans lui adresser un regard, je me levai en époussetant ma robe au passage. Je releva enfin la tête vers lui et soutint son regard les poings serrés. Frustration, colère … bon, dans un sens je n’avais pas à réagir de la sorte, car c’était peut-être qu’un simple incident, mais tout de même. J’avais travaillé fort pour cela! C’est sur que j’avais ramassé le plus de dégât possible, mais j’avais perdu quelques fraises en tombant dessus. D’ailleurs, ma robe avait quelques tâches rouges aussi pour démontrer le tout.

- Tu aurais pu regarder où tu allais! Fais donc attention la prochaine fois espèce de gouja ! Cracha je.
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MessageSujet: Re: Un premier jour d'été (Elizbeth)   Un premier jour d'été (Elizbeth) EmptyMar 1 Jan - 2:02


Sa voix me percuta. En soit, les mots n’avait rien de bien terrible, il était même normal qu’elle m’insulte au passage. Seulement, j’ignore pourquoi entendre les intonations de sa voix me firent un horrible effet. Une voix affirmée, pleine de rage et de reproches. Une voix très agréable tout de même, qui pourrait chanter des beautés dans d’autres circonstances. Pourquoi le moindre aspect de cette femme me perturbe? Comme pour comprendre, je me mis de nouveau à la fixer, sans réagir à son avertissement de faire attention à l’avenir. Les traits de son visage avaient un je-ne-sais-quoi qui me fascinait. Elle dégageait une splendeur, bien que l’ombre de son grand chapeau et la colère altère la pureté naturelle de sa beauté. Les longues heures passées sous le soleil à travailler l’avait métamorphosé en véritable femme de la terre, mais bien malgré cela, rien ne pouvait me dissuader de son attirance. Ce n’est pas cela qui me faisait la fixer. Si seulement je pouvais mettre le doigt dessus. Comprendre pourquoi je la connaissais alors que je ne me rappelle pas l’avoir vue en personne avant, lui avoir parler ou même avoir entendu parler d’elle. Il doit bien y avoir une explication. J’ai beau n’avoir aucune mémoire des noms et des évènements, il ne m’était pas aisé de mélanger deux visages, surtout un comme cette jeune femme. Quel mystère intrigant et déplaisant, si seulement je pouvais avoir un éclair de génie au lieu de rester là à attendre que quelqu’un me souffle la réponse à l’oreille.

De plus en plus persuadé que je ne trouverais jamais d’explication, elle secoua la poussière sur sa robe claire. Je descendis les yeux machinalement, attiré par le mouvement du tissu. Je me perdis dans la contemplation des formes rouges vives créées par les fraises juteuses qu’elle avait écrasées par ma faute. La robe finit par cesser de se mouvoir et je remontai les yeux vers son visage. Elle me regardait avec une telle insistance, une puissance qui m’écrasa aussitôt. Vaincu par ses pupilles, je m’écartais vers la gauche, pour cesser de lui barrer la route de la sorte. Je me contentais de baisser la tête, admirant l’une des fraises semi-écrasées qui me semblait tellement misérable là où elle est. Sans vraiment remarquer si la jeune femme avait poursuivit sa route, bien que je me doute que oui, je patientais en silence avant de finalement tourner la tête pour l’observer. Même de dos, elle me rendait tout autant confus que je ne l’avais été en l’observant de face. Si seulement je pouvais me rappeler et… Et faire quoi? Lui courir après? La convaincre que j’étais réellement un gouja, un idiot qui n’est là que pour la perturber dans son travail? Non, je dois la laisser en paix, bien que je ne pouvais pas m’empêcher de regarder son dos, ses épaules, sa démarche sur et rapide, ses cheveux voletant au vent, sa robe d’été qui… Sa robe… Mais oui! C’est ça, c’est ça robe qui…

Je croisai le regard d’une femme légèrement plus âgé dans le champ, tout près de moi. Elle semblait me porter une immense méfiance, bien que je n’aie rien fait pour le créer. Elles devaient être sœurs ou amies, sinon celle-là ne sentirait pas le besoin de s’assurer que je n’allais pas m’en prendre à l’autre. Pourtant, je devais revenir auprès de celle que j’avais laissé filler. Je devais le faire pour moi, pour avoir enfin la réponse à cette impression qui me hante désormais viscéralement. Je tournai les talons et me mis à marcher rapidement pour la rattraper. Elle n’était pas si loin, mais l’autre dans le champ qui s’était levée par réflexe pour observer ce que j’allais faire à celle qu’elle couvait du regard m’incita à ne pas trop presser le pas. Ne voulant pas la faire sursauter comme j’étais derrière elle, je m’annonçai d’avance cette fois :

-Hey, toi.

Elle n’allait peut-être pas apprécier mon insistance, surtout que j’avais bien vue toute la haine à mon égard dans son regard tout à l’heure. Pourtant, je savais que je faisais la bonne chose, même si ce n’était que pur égoïsme de ma part :

-Écoute, je suis vraiment désolé de t’avoir renversé. J’espère que tu ne m’en veux pas trop, mais… Est-ce que je peux te poser une question?

J’espérais de tout mon cœur qu’elle ne me refuserait pas cette petite faveur. J’avais besoin de savoir. Je devais le savoir avant de la laisser tranquille puisque je me souvenais à présent. La photo. La petite robe blanche. Elle avec 5 ans de moins, gamine entrant à peine dans l’âge adulte. Je devais savoir… Ce souvenir, j’ignore comment j’ai pu l’oublier et surtout, comment il a pu revenir aussi clairement alors que j’avais perdu tout espoir de comprendre ce qui me liait à elle. Son silence et sa confusion m’incitèrent à poursuivre sur ma lancée de lucidité, bien que j’allais peut-être le regretter. Mon impatience était palpable, mais malgré tout, malgré cette envie irrésistible de la bombarder de questions… je gardais le silence. Je me rendis alors compte que j’avais toutes les allures d’un fou. Cela ne nous quitte jamais vraiment totalement. Dans mon cas, j’ai beau ne plus être dans mon état de presque lobotomie qui avait mérité mon enfermement, il m’arrive de temps à autre de me comporter comme un véritable malade mental. De simple petit geste, comme fixer quelque chose ou quelqu’un, me murmurer à moi-même, vouloir absolument toucher une chose que pourtant je connais parfaitement. Ou encore, avoir les yeux incroyablement sortie de mes orbites comme maintenant. Ne voulant pas la terroriser, bien que c’était déjà trop tard, je soupirais fortement et m’excusa de nouveau avant de baisser innocemment le regard vers ses souliers. Je m’étais peut-être trompé… Elle n’était probablement pas la fille en blanc que le pacificateur voulait violer à n’importe quel prix… Ça ne pouvait pas être elle…
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MessageSujet: Re: Un premier jour d'été (Elizbeth)   Un premier jour d'été (Elizbeth) EmptyJeu 3 Jan - 1:47

Les poings sur les hanches, le visage rouge de colère, je fixais toujours cet homme qui se tenait face à moi. Avant la mort de Henrik, je lui aurais probablement adressé un regard et un sourire tout en acceptant ses excuses. Je lui aurais fait comprendre que ce n’était qu’un petit accident et qu’il n’y avait aucun blessé, alors à quoi bon en faire tout un plat?! Cependant, maintenant je n’arrivais plus à réagir de la sorte … Je perdais le contrôle, je n’arrivais plus à raisonner et j’explosais la plupart du temps sans raison. J’étais toujours en colère et je me fâchais d’un rien; toujours sur les nerfs, la moindre chose me faisait perdre patience. Lorsque je réussissais à reprendre mon calme, je me mettais toujours à repenser à la situation qui venait de se passer et j’essayais de ne pas me sentir coupable. Au fin fond de moi, il y avait toujours cette Elizbeth d’avant, celle qui pardonnait à tous et qui avait en permanence un sourire de plaquer sur le visage. Elle me criait que je n’avais pas eu de raison valable pour hurler ainsi et exploser de la sorte. Elle me faisait sentir minable et j’essayais toujours de la faire taire puisque je sentais qu’elle ne voulait que refaire surface et me faire redevenir celle que j’étais.

Je savais qu’après cinq ans, il était temps de revenir à la surface, comme mes proches n’arrêtaient pas de me dire. Je savais qu’ils avaient parfaitement raison et j’essayais de travailler là-dessus le plus possible. Les premiers mois, je n’avais qu’essayer de me garder la tête hors de l’eau, mais à présent, j’essayais de revenir au large afin de pouvoir me sortir de ce mauvais cauchemar. J’avais finalement accepté la mort d’Henrik. Je ne lui en voulais plus et je lui avais donné mon pardon. J’avais compris finalement qu’il n’était pour rien dans cette histoire et que ce n’était que le putain de hasard qui n’avait pas été en sa faveur ce jour là. Que la faute était celle du garçon du district quatre. C’était sa faute à lui et lui seul. C’est lui qui avait osé perforer les poumons de mon amour et lui broyer les entrailles avec son couteau dentelé. C’est lui qui l’avait fait souffrir et agoniser pendant plusieurs minutes. C’est lui qui l’avait laissé mourir au bout de son sang comme un porc qu’on saigne en arrière de la maison. C’est lui qui avait sourit à son dernier souffle et qui était reparti sans un regard en arrière. C’est lui qui semblait ne pas avoir de regret du meurtre qu’il avait posé. C’était LUI qui était en tord ! Henrik n’y était pour rien et je savais pertinemment qu’il savait qu’il ne reviendrait pas. Il n’avait voulu que me rassurer en me promettant de tout faire pour revenir à la maison et que nous allions nous marier pour vrai à son retour. Il n’avait voulu que me protéger de son sombre destin morbide. Il n’avait aucune chance … Le district neuf n’a aucune chance dans ces jeux. Nous sommes faibles et affamés. Oui, nous savons manier les instruments de la terre, mais peu sont ceux qui ont pu résister longtemps à ces carnages. Bref, je lui avais finalement donné mon pardon et je savais qu’il était parti où il était mieux et en paix à présent. Je l’aimais toujours, cela n’était pas la question, mais j’avais l’impression qu’en acceptant sa mort et en lui offrant mon pardon, mes épaules étaient beaucoup plus légères et je me sentais un peu mieux. Cependant, je sentais toujours cette pression, cette douleur au niveau de mon thorax plus précisément, de mon cœur. Je sentais comme si quelqu’un m’avait transpercé la cage thoracique et qu’il tenait fermement mon cœur entre ses doigts. Je sentais comme si sa main serrait et écrasait mon cœur sans mettre fin à mes jours pour autant. Je me sentais oppressé en permanence. J’avais pris conscience de l’importance de ce mal malgré tout. Non, je n’étais pas malade. J’étais loin d’être malade d’une grippe, d’un cancer ou quelque chose de ce genre. J’étais simplement atteinte d’une terrible colère qui ne demandait que vengeance! Je n’étais pas une fille dangereuse ou violente. Je n’avais jamais levé la main sur quelqu’un, mais ma main me démangeait à certains moments par contre. En fait, cela me faisait peur dans un sens. C’était un combat permanent à l’intérieur de moi. J’avais moi qui agissait sous le coup de colère et l’autre Elizbeth qui essayait de calmer le tout du mieux qu’elle pouvait. Je voulais redevenir l’Elizbeth d’avant, lorsque j’étais dans mes moments de lucidités. Lorsque j’étais en colère, elle écrasait et c’est l’autre, menée par la haine, qui prenait la place.

Revenant à la réalité, je le vis toujours me fixer et cela me fit soupirer. Ce qu’il était lourd à la fin! Il décida de se pousser (ENFIN!!!! PAIX À SON ÂME) et de me laisser passer. Sérieusement, je n’en avais rien à faire de ce mec. Non, mais c’est vrai! Il me faisait perdre du temps et du temps, je n’en chiais pas! Je devais faire le champ droit au complet avec Ericka et je la voyais me lancer des regards lourds de reproches. Arrête de me regarder ainsi! Je sais, je sais! Je ne suis qu’une mauvaise belle-sœur qui laisse la copine de son frère ramasser ses pauvres petites fraises, seule, sous ce soleil qui pourrait faire cuire un steak de veau sur une roche en quelques secondes. On meurt de chaud, oui, mais au moins, il n’y a plus de pacificateurs de mes deux qui sont encore là à nous lancer des pierres, car on parle ou que l’on ramasse trop lentement à leur goût. Qu’ils aillent tous brûler en enfer ces sales petits enquiquineurs! Ce qu’ils ont pu me soûler à la fin! Une chance qu’ils ne sont plus là, sinon je serais bien au sol me lamentant contre mon sort avec le dos lacéré et en sang à cause des coups de fouet! AHHHH la liberté !! Je me dirigeais d’un pas assuré vers Ericka et je lui adressai un sourire d’excuse. J’étais vraiment désolée! J’étais sincère. Non? Je l’a vis se lever et regarder derrière moi, ne me rendant pas mon sourire. Intriguée, je levai les sourcils à sa réaction. Qu’est-ce qu’elle faisait ? Sans avoir le temps de lui demander, j’entendis des pas à l’arrière de moi.

-Hey, toi.

Ohhh non! Pas lui! TU VAS ME LÂCHER OUI ! Doux Liz, on fait des doux!
Je vais t’en foutre des doux moi! Oubliant la combat qui se passait dans ma tête je me retourna et tomba de nouveau face à lui. Relevant les sourcils, je croisai les bras attendant de voir ce qu’il allait me déballer.

-Écoute, je suis vraiment désolé de t’avoir renversée. J’espère que tu ne m’en veux pas trop, mais … Est-ce que je peux te poser une question?

Hen? Je sentis mes bras se décroiser et tomber le loin de mon corps. Me poser une question? Quel genre de question? Je lui adressai un regard suspicieux tout en gardant mon silence, car je n’avais aucune idée de quoi lui répondre. Pourquoi il voulait me poser une question lui? Il avait tellement l’air fou avec ce regard posé sur moi que cela me donna des frisons. Je n’arrivais pas à lui dire un moindre mot. Je le vis donc baisser le regard en soupirant et je l’entendis s’excuser de nouveau. Il est un peu tannant avec ses excuses!

Je sentis Ericka s’approcher de moi par derrière et poser sa main sur mon épaule. Cela eu le réflexe de m’adoucir quelque peu puisque je sentis mes épaules s’affaisser sous sa main. Profitant de son inattention, je le détaillai de la tête aux pieds. Grand, musclé, brun … yeux? Aucune idée, je n’ai pas porté attention. A quoi bon? Beau gosse? Nahhhhhh! Quoique … NAHHhHHHH !!! Même pas en rêve! Reviens à la vie petite peste, tu ne me feras pas dire qu’il est s… NONNNNN !!!!
Secouant la tête afin de me la sortir du crâne, j’afficha un sourire hypocrite et lui adressa enfin la parole.

- Tout dépend de quel type de question ! Je croisa les bras à nouveau et lui adressa un sourire en coin. Un sourire qui ne présageait rien de bon.

- Tu sais … je perds un temps énorme en ce moment à te parler là, maintenant! Un, tu me fais perdre la moitié de mon panier, résultat, je dois travailler en double. Deux, j’ai chaud et quand j’ai chaud, je suis impatience et d’une humeur massacrante! J’ai tout de même de l’eau pour me rafraîchir, mais ça ne me dit pas d’aller en chercher de nouveau pour remplir ma gourde. Donc, si tu veux bien me poser TA question afin que je puisse reprendre le rang où j’étais et continuer de m’écorcher à vif les genoux et les mains pour gagner mon gagne pain.

Et pour finir, un énorme sourire qui s’affaissa sous la pression de la main d’Ericka. Elle est chiante, sérieusement chiante cette fille!
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MessageSujet: Re: Un premier jour d'été (Elizbeth)   Un premier jour d'été (Elizbeth) EmptyJeu 3 Jan - 18:28


Autrefois, il m’arrivait de perdre le contrôle de moi-même. Surtout dans mes débuts de malade mental, je ne parvenais pas à réagir correctement. Parfois, je dérapais et je me retrouvais avec des ennuies sur le dos. Souvent, je ne parvenais même pas à réagir, comme si mon corps s’était rebellé et n’obéissait plus à ma tête. J’avais tout connu, tout traversé, lorsqu’il s’agit de dérapages et d’impuissance de ce genre. Mais aujourd’hui, je pouvais affirmer que j’allais bien. Honnêtement, j’estimais que mon état avait retrouvé un certain équilibre, bien que fragile. Je ne crois pas en être guéris et avoir retrouvé ma pleine lucidité d’avant les jeux, mais jamais mon cerveau n’avait été aussi sain depuis des lustres. Malgré mes amnésies fréquentes par rapport à ma période de maladie, malgré ces cauchemars qui me forçait à voir des images qui me paraissait étrangement familière et dont je n’avais aucun souvenir clair, malgré plusieurs des choses, j’étais de nouveau bien avec moi-même. Tellement bien que j’avais retrouvé ma confiance en moi. J’osai sortir de chez moi sans craindre de blesser ou de me blesser. Une envie de nouveauté s’était même emparée de moi et je m’étais mis à la combler par des voyages dans tous les districts. Je voguais au fil de mes désirs longtemps refoulés par mon état mental. J’avais été enfermé, mais aujourd’hui, je ne voulais plus jamais avoir cette impression. Étrange que je me mis à réfléchir à cela alors que les yeux de cette femme me scrutèrent. Je me sentis dévisagé pour l’une des rares fois de ma vie. Il suffisait qu’elle me voie vraiment pour que je réalise qu’elle le faisait. Tous les autres yeux m’avaient toujours été égale, jusque là du moins… Pourtant, après toutes ces années à ne pas pouvoir réagir aux regards méchants des autres, j’avais cru que cela m’avait immunisé à cette impression de vulnérabilité que provoquent des yeux scrutateurs. Mais là, j’étais tout simplement désarçonné.

Lorsqu’elle s’était adressé à moi, j’avais levé la tête et croisé une autre fois son beau regard. Je l’avais soutenu, bien qu’il fût attiré à l’occasion par la présence de cette autre femme. Celle du champ, qui s’était apparemment approchée de l’autre pour la protéger de moi. Je ne pouvais pas lui en vouloir d’agir de la sorte, surtout que je remarquai la façon dont elle apaisait la plus jeune. Un seul contact physique et cela eu le même effet que les calmants que les docteurs me faisait avalés autrefois. Le stress accumulé dans les muscles disparait et la tête devient plus légère. On se sent plus en contrôle sous cet effet apaisant. J’ignore ce qui aurait pu arriver si l’autre serait resté à son travail et n’étais pas intervenue pour calmer celle qui hantait à présent mes souvenirs. Toute cette colère en elle, devrais-je m’en méfier? Après tout si elle est bien celle que je crois qu’elle est, elle doit être effectivement en colère contre la vie en général. Mon souvenir restait flou, mais je savais que je m’étais senti très mal lorsque ce pacificateur avait parlé d’elle comme d’un morceau de viande qu’il s’apprêtait à dévorer tout cru. J’avais aussi un petit souvenir comme quoi il voulait tuer pour la posséder, je ne me rappelle plus qui il avait eu le désir profond d’éliminer, mais malgré le brouillard de ma folie, j’avais sentie sa sincérité au meurtre. Sa colère provenait probablement de là. Si le pacificateur avait agit via un intermédiaire, malgré le fait qu’il avait été affecté à mon district, il n’aurait eu aucun problème à éliminer les obstacles entre lui et cette fille. Ainsi, à son retour, il aurait eu le terrain libre pour la… Une minute, il manque quelque chose dans toute cette histoire! C’est comme si on avait effacé un morceau de mon souvenir puisque, ce qui arrive après ces révélations sur elle ne m’apparait pas. J’ai beau chercher, je ne me souviens vraiment pas. À dire vrai, je ne me souviens de rien suivant cette période et ce jusqu’à un bref souvenir que j’estime s’être passé quatre mois après ma rencontre avec ce pacificateur. Bon Dieu, qu’est-il arrivé pendant cette période? Une légère panique s’empara de moi et c’est avec un regard fuyant que je l’écoutais me parler franchement. J’avais bien compris qu’elle attendait ma question puisqu’elle avait beaucoup de travail, qu’il faisait chaud et que je la retardais d’une manière obsessive. Si au moins l’autre femme n’avait pas été si près, j’aurais pu lui dire que j’avais besoin de temps pour m’en remettre avant de… de…

-Et si je vous aidais en dédommagement de mon étourderie de tout à l’heure?

Quoi? Minute, pourquoi je viens de lui proposer ça? Est-ce pour gagner du temps… Peut-être bien, mais quoiqu’il en soit, elle s’attendait à ce que je lui pose une question, pas que je lui demande du travail. Mon cerveau avait peut-être comprit que je nécessitais un moment pour clarifier ma pensée. C’en était devenue primordial puisque je n’étais plus sur de rien. Non seulement j’avais des doutes sur l’identité de cette fille à cause de la mauvaise qualité de mes souvenirs, mais aussi, la suite de ce souvenir, que je savais très important, me manquait et tant que je ne recollais pas tous les morceaux, je ne pouvais pas lui jeter mes suppositions boiteuses à la figure. Oui, j’avais besoin de temps pour analyser cette situation parce que sinon j’allais faire une bêtise. Je devais aussi indirectement éloigné l’autre femme pour parler discrètement avec elle de cette histoire. L’autre, si elle n’était qu’une amie, voir une collègue de travail surprotectrice, n’avait pas à être mise au courant d’une telle histoire, surtout qu’elle n’avait rien de bien joyeuse, si mes interprétations de l’époque avaient été exactes. Ne voulant pas créer en elle d’hésitation et d’hostilité d’autant plus grandes à mon égard, je m’empressais d’ajouter :

-Je ne suis pas un ouvrier de la terre, je dois l’avouer. Je suis plutôt un travailleur d’usine. Je viens du district 3 et là-bas nous ne sommes en contact qu’avec des machines et des pièces métalliques, mais j’apprends vite.

Logiquement, cela irait beaucoup plus vite si nous nous attaquions à ce champ à trois. La température avait augmentée d’un bon degré depuis que nous parlions et le vent s’était couché. La chaleur était donc d’autant plus importante. Elle avait parlé de remplir sa gourde d’eau. Je pourrais le faire pour elle si elle me l’ordonnait, tout pour gagner du temps pour pouvoir réfléchir! La décision lui revenait entièrement. Il lui serait aisé de me dire de partir, puisque si elle n’avait pas le temps de discuter avec moi, elle n’avait certainement pas le temps de me former à la cueillette, bien qu’en bout de ligne, mes bras lui feraient sauver un temps considérable. Pourtant, un doute subsistait en moi. Est-ce judicieux d’insister auprès d’elle? Je devrais peut-être m’excuser une ultime fois et la laisser tranquille, en ne lui rappelant jamais le souvenir de ce pacificateur, s’il s’agissait bien d’elle la fille en blanc sur la photo. Mais, je savais, qu’au fond de moi, je me sentirais infiniment coupable de ne pas m’informer de son état. Si le pacificateur s’en était prit à elle durant ce fameux quatre mois flou dans ma mémoire, je me sentirais mal de ne pas lui avoir dit ce que je savais sur lui, bien que depuis le temps, le mal avait du être fait sur elle et ses proches. Il était tellement obsédé dans mes souvenirs, il avait du agir rapidement… Pauvre jeune femme! Cette colère qu’elle porte en elle avait peut-être été créée par cet homme malveillant. Quelle horrible histoire! J’aurais tellement aimé avoir pu agir pour… Pour faire quoi? N’importe quoi sauf laisser les évènements se produire et être impliquer parce que j’ai été mis au courant et que je n’ai rien fait pour l’arrêter!

Je la regardais toujours dans les yeux. Si seulement elle s’avait ce qui me bouleversait, ce qui me retenait auprès d’elle bien que je n’avais pas la certitude que j’étais avec la bonne personne. Si elle savait tout ça, il me serait peut-être plus aisé de supporter son regard brûlant de haine. Ou pas. Elle pourrait aussi bien m’en vouloir d’être tout simplement là. Elle avait le droit de me détester, point barre, même sans raison. Après tout, elle ne me connaît pas et moi je la connais mal… Comment pouvons-nous nous entendre dans une telle situation?
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MessageSujet: Re: Un premier jour d'été (Elizbeth)   Un premier jour d'été (Elizbeth) EmptyVen 4 Jan - 16:26

Malheureusement pour moi, Éricka s’était rendue compte qu’elle avait un certain pouvoir sur ma personne … Lorsque j’étais sur le point de hurler et perdre le contrôle, elle ne faisait que mettre sa main sur mon bras et c’est comme si cela me ramenait … comme si j’étais si loin que je ne pouvais plus y sortir à moins de tout casser. Bref, en sentant sa main, je me calmais à l’instant même. Bizarre, mais vrai! Je me rappelle les années où, je voulais lui arracher les yeux pour lui faire bouffer par le nez … doux moment de mon adolescence! Je sentis un sourire s’étirer sur mes lèvres simplement à penser aux milliers de plans démoniaques qui m’étaient passés par la tête afin de la faire souffrir. Dommage pour moi, elle avait du caractère et elle ne s’était pas laissée marcher sur les pieds par la petite sœur de son copain … Je l’avais appris à mes dépends. Je lui en avais tellement voulu, à l’époque, de m’avoir séparé de la sorte de mon frère, mon allié. Cependant, je m’étais rendue compte, bien trop tard, qu’elle n’était là que pour le rendre heureux et que c’était dans la normale des choses que Karl devait partir et vivre sa vie pour former sa famille. J’avais grandi et mûri et c’est en rencontrant Henrik que j’avais enfin compris. Deux ans de haine et de jalousie pour finalement comprendre et faire la même chose… J’avais donc demandé à les rencontrer et à la plus grande surprise de ma mère et de Karl, Éricka et moi étions devenues de bonnes amies. Elle avait appris à me connaître et elle avait compris que pour moi, mon frère c’était de l’or. Elle avait compris qu’indirectement j’avais voulu le protéger. Finalement, elle avait accepté de me le laisser un soir par semaine afin que nous passions la soirée que lui et moi. Un soir, je pense que cela pouvait me convenir malgré tout. Bref, nous avions passé par-dessus cette période et maintenant, nous étions tous heureux ensembles. De plus, ils m’avaient soutenu lors de ma période de dépression lorsqu’Henrik était parti. C’est à ce moment là, que j’avais eu le plus besoin de mon frère. Seul lui avait su me ramener à la vie et me faire reprendre le goût de vivre. Henrik … mon seul véritable amour … Mon cœur était guéri, mais j’avais toujours une pensée pour lui. Il m’arrivait souvent de penser à ce qu’aurait pu être notre vie ensemble. Où en serions-nous à présent s’il n’avait pas été sélectionné? Aurions-nous une petite maison comme celle de mon frère? Est-ce que je serais mariée, comme il me l’avait promis? Et si j’étais tombée enceinte cette nuit là? Ohh non, juste à y penser, j’en avais les larmes aux yeux! Par chance, je n’étais pas tombée enceinte, car la vie aurait été tout autrement. Je pense que je n’aurais pas pu faire le deuil de lui si j’avais eu ce genre de lien qui me rattachait avec lui. Il est certain que j’aurais aimé avoir un enfant, mais pas de cette manière. Je n’aurais pas été assez forte ...

Encore là, elle avait eu le dessus. J’avais perdu mon sourire et je soupirais en baissant légèrement la tête. Si elle pense que je vais m’excuser, elle peut bien rêver! Je sais que je n’avais pas été correct, mais il y avait des limites à m’excuser, non? Nous étions là, tous les trois à nous faire face, attendant un signe de vie de la part de notre intrus, car oui il était un intrus pour nous. Tout le monde se connaissait ou presque dans le district neuf …

Je lançai un bref regard à ma belle-sœur et elle me sourit comme pour me rassurer. Voulez vous bien me dire pourquoi elle sourit et semble si détendu? ON NE LE CONNAIT PAS CE MEC ?! Bon, ok j’étais une frustrée et j’en voulais à tout ce qu'oni appelait être vivant! Tout me dérangeait et me puait au nez.

Voyant que j’allais encore lui cracha une réplique, je pris une grande respiration, espérant avoir été discrète. Pourquoi il prend un si grand temps à répondre? Pose-moi ta question à la fin! Inspire, expire! Inspire, expire! Ahhh voilà, ça va beaucoup mieux. Pense à Henrik! Henrik … Il me manquait tellement! Pourquoi tu penses à Henrik, il est parti, il ne reviendra plus. Mais je sais qu’il est parti, j’ai quand même le droit d’y penser. Non, justement! Tu dois passer à autre chose. Regarde-le-lui ! Tu ne peux pas nier qu’il est canon? Pardon? LUI, CANON? Tu divagues ma chère.

-Et si je vous aidais en dédommagement de mon étourderie de tout à l’heure?

Sentant une pression sur mon épaule, car oui Éricka n’avait toujours pas retirée sa main, et un raclement de gorge, je sortis de mes pensées délurées. Je lançai un regard à Ericka du genre qu’est-ce que tu me veux ? Et elle me fit un signe pas trop discret vers le gars.

- Il t’a parlé Liz’… Tu devrais lui répondre. C’est lui qui attend maintenant …

Enlève moi ce sourire de victoire sale petite peste! Elle se foutait carrément de ma gueule cette fille et elle y prenait plaisir à part de cela. Je vais lui faire bouffer ses yeux, je vous le jure, elle va les bouffer! Bref, afin de ne pas faire attendre notre cher monsieur, je souris hypocritement à ma voisine et reporta mon attention sur lui. Ok, si j’avais bien compris il semblait nous avoir proposé son aide. En plus de cela, il m’avait vraiment l’air d’un gars qui semblait regretter son offre. Ohh pauvre chaton … il ne voulait pas cueillir de jolies fraises en notre compagnie. Il ne voulait pas se salir les mains le pauvre garçon!

- Je ne suis pas un ouvrier de la terre, je dois l’avouer. Je suis plutôt un travailleur d’usine. Je viens du district 3 et là-bas nous ne sommes en contact qu’avec des machines et des pièces métalliques, mais j’apprends vite.

Croisant à nouveau les bras, je lui lançai un regard de haut en bas afin de le juger sans gêne. Pas un travailleur agricole … ouais, nous avions remarqué, t’inquiète mec! Je détourna mon attention après quelques secondes et regarda ce qu’il nous restait à faire … A peu près deux ou trois hectares et en regardant le soleil, il devait être dans les alentours de midi, une heure à présent … La journée passait vraiment vite et nous en n’étions qu’à la moitié du champ … Je le jugeai de nouveau et soupira. Je sentis Ericka me traîner un peu plus loin et je me retrouvais face à face avec elle, assez loin pour ne pas qu’il nous entente parler bien entendu.

- Tu vas dire oui et ce, sans rechigner. Est-ce que tu m’as bien compris?
- Pardon? Et pourquoi ce serait moi qui devrais décider hen? On ne le connaît pas ce gars. Il débarque du trois, comme une fleur, en nous proposant son aide comme cela. Euuu, tu ne trouves pas ça bizarre toi?
- Bizarre ou pas, tu vas dire oui. Regarde-le … Il est musclé et il a dit qu’il pouvait apprendre vite …


Je me retournai et nous nous sommes mises à le regarder fixement. SUBTILITÉ 101 ! Détournant à nouveau le regard, je reportai mon attention sur mon amie.

- Ca pourrait nous permettre de finir la journée plus tôt …
- En effet Liz, et tout le monde veut terminer les journées plus tôt … Alors … C’est oui!?! ... En plus, il est canon!


Ne me laissant pas le temps de répliquer, elle me laissa là. Canon? Pardon? Elle est atteinte, mais pas à peu près! Soupirant, je me dirigea vers lui, vaincue.

- Bon … c’est d’accord … Ton aide pourrait peut-être être utile … Nous avons beaucoup à faire et je t’avouerais que nous avions hâte de retourner à la maison.

Je me baissai et pris un panier vide au bout du rang, près de moi, pour le tendre vers lui après.

- Tu n’as qu’à nous suivre. On prend chacun un rang et lorsque tu as terminé le tien, tu prends celui à côté afin de continuer ainsi sans repasser dans un rang déjà fait. Tu cueilles les fraises qui sont rouges seulement. Si elles sont vertes ou orangées, tu les laisses là, elles ne sont pas encore mûres. Compris?

Je me dirigeais tranquillement vers mon rang suivant Éricka qui avait un sourire de plaquer sur les lèvres. Elle va l’avaler ce sourire oui! Elle m’énerve à la fin! Pourquoi elle sourit tant? Le sentant me suivre, je me retournai et lui lança sur la défensive.

- Et au fait, merci pour l’aide, mais sache que cela ne me rend pas heureuse pour autant.
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MessageSujet: Re: Un premier jour d'été (Elizbeth)   Un premier jour d'été (Elizbeth) EmptySam 5 Jan - 18:03


Liz? Liz… C’est surement un diminutif, le surnom que lui donne son entourage. Je ne pouvais pas en être certain, mais la désinvolture qu’avait pris l’autre pour appeler la plus jeune Liz me laissait croire que c’en était bien un. Ce n’est pas cela qui me troubla à l’instant, c’est qu’une autre pièce du casse-tête m’apparu. Dans mon souvenir, sur la photo du pacificateur où l’on pouvait voir clairement la fille en blanc, tout en bas on pouvait lire un nom ainsi qu’un numéro de district. Pourquoi diable ces informations s’y trouvaient? Peut-être parce que l’air sérieux de la jeune femme sur l’image indiquait une photo forcée, comme s’il s’agissait d’une photo d’identification. Les pacificateurs à l’époque où ils régnaient en maîtres partout recevaient souvent des ordres de surveiller des gens ou de veiller sur eux pour les protéger avec de telle photo. Pour facilité leur travail, on inscrivait volontairement le nom de la personne et dans certain cas, le numéro du district. Étrange? Pourquoi les pacificateurs auraient eu à la surveiller par le passé? Qu’a-t-elle bien pu faire? Il me semble qu’elle serait plutôt du genre à protéger quelqu’un, donc à se mettre volontairement en danger pour un autre. Malgré son regard froid sur moi, je pouvais sentir qu’au plus profond d’elle, ce n’était qu’une façade. Le fait que son amie arrive à la calmer aussi facilement me portait à confirmer mon hypothèse. Si seulement je pouvais me souvenir du nom exact dans le bas de la photo. Et le numéro du district aussi, suis-je au moins dans le bon? Pourquoi être autant amnésique sur les autres détails importants alors que son visage et son corps m’était apparu clairement et ce, presque aussitôt? Il me fallait du temps, peut-être même beaucoup de temps…

La dénommée Liz fut entraînée à l’écart par l’autre. Oh, alors c’est donc si indiscret ma demande? Moi qui croyais agir au plus simple, voilà qui me rendait mal à l’aise. Je fis semblant de regarder le champ pour ne pas qu’elles croient que je les espionnais dans leur caucus secret, bien que, soyons honnête, je mourrais d’envie de les zyeuter. Je me forçais à regarder les plants de fraises durant plusieurs minutes avant de tenter un coup d’œil vers elles. Je retins mes yeux de s’écarquiller en les voyant me dévisager. Oups, je suis donc réellement un objet de curiosité ici. Durant un instant, alors que mes pupilles grises se concentrèrent sur la plus vieille, j’eus peur qu’elle m’est reconnue, un peu comme le marchand il y a un peu plus d’un an. Il s’était souvenu du visage du vainqueur qui avait fort probablement fait souffrir toute sa famille en remportant les Hunger Games. Mais, à mon plus grand bonheur, l’amie de Liz me fit un petit sourire avant de retourner chuchoter à l’autre. Cela aurait pu être de l’hypocrisie, mais la sorte d’excitation que je pouvais observer dans les gestes de la plus vieille m’inspira confiance. Si elle m’aurait reconnu, elle n’aurait pas agit de la sorte. Et si Liz elle, m’avait reconnu? Évidemment que non, sinon elle l’aurait dit à l’autre. Je dois arrêter de me tourmenter sur la question! J’ai gagné il y a 14 ans, un visage à le temps de s’oublier avec autant de délai si je n’avais pas été directement lié à elles. Enfin, elles revinrent vers moi et je sentis que Liz se forçait à être gentille avec moi. Pouvais-je vraiment lui en vouloir alors que je lui imposais ma présence de la sorte? Peut-être est-ce pour cela que je l’écoutais me dire qu’elle acceptait en évitant de témoigner ma joie. Il ne fallait pas lui faire regretter d’avoir acceptée de se faire forcer la main. Je restais donc sérieux, incluant lorsqu’elle me ramena un panier. Je regardais celui-ci avec hésitation. Je n’avais jamais fait ça de ma vie. Ce n’est que maintenant que je réalisais que je ne pouvais plus reculer. Affichant toujours mon air neutre, je levais les yeux vers elle et écoutait les consignes. Ça ne me semblait pas trop difficile, mais je préférais ne pas trop m’en convaincre, juste au cas où je frapperais un mur une fois entre les rangs.

La plus vieille prit la tête vers le champ. Liz la suivit. Je lui emboîtais le pas sans rechigner. Les paroles qu’elle me dit avant de débuter la cueillette des fruits me laissèrent perplexe. Elle m’avait remercié, mais elle avait cru bon d’ajouter que cela ne la rendait pas du tout heureuse. Je savais bien que ma présence n’était pas désirée. Mais je devais faire comme si de rien n’était, c’en était vital plus que jamais. Je lui répondis avec un sourire :

-C’est la moindre des choses… J’espère bien faire changer l’opinion que vous avez le moi d’ici la fin de la journée.

Un clin d’œil partie tout seul et je la laissai dans son rang pour me diriger vers le mien. Pourquoi il avait fallu que je lui dise ça! Je commençai par regarder la couleur des fraises avant de cueillir les rouges et de laisser les autres. Ayant baissé la tête pour me concentrer sur la tâche, j’évitais de regarder en direction de Liz. J’avais accepté sa réflexion sur ma présence qui la dérangeait, du moins, ça semblait faux à présent à cause de ma réplique subite. J’aurais vraiment du ne pas lui répondre, mais honnêtement j’ignore pourquoi j’avais exprimé à haute voix le souhait de lui faire changer d’avis sur moi. Est-ce vraiment important que ma présence lui devienne agréable? Non, pas du tout! Voyant que les deux autres progressaient rapidement, je me mis à accélérer la cadence. Il fallait que je lui prouve qu’elle avait tord! Non, ce n’est pas ça que je dois faire!! Je dois réfléchir sur ce souvenir et pas… Elles vont tellement vite, je dois fournir plus! Mettant de côté mes réflexions, je me dévouai entièrement. Je ne me rendis pas compte de mes genoux écorchés, ni de mes mains qui devenaient endoloris à force de répéter les mouvements. À chaque fois que je changeais de rang, j’évaluais la position des deux autres et je me félicitais intérieurement de suivre leur rythme malgré mon inexpérience. Le soleil me tapait fort sur le crâne et je n’avais pas de chapeau mais cela n’avait pas d’importance, je voulais être à la hauteur. Pas une fois je ne m’accordais un temps pour réfléchir et quand j’avais le malheur de me le rappeler, je m’apitoyais sur mon sort une fraction de seconde avant de me réabsorber dans le travail. Mes épaules et mes bras étaient forts, je n’ai donc aucun mal à transporter les paniers, même plein à craquer. J’évitais Liz comme si elle n’existait pas. J’avais encore du mal à accepter que je lui avais sortie une pareille réplique au début de notre travail. À un certain moment, mon dos commençait à me faire vraiment mal mais pas à cause des raisons que je croyais initialement. Je portais une main à mon cou et je sentis ma peau brûlante me faire un mal de chien. Un coup de soleil? Non, c’est une blague! Je ne travaille que depuis… Une minute, on a presque finis le champ… Il ne reste qu’un-demi rang! Le temps a passé tellement vite et pas une fois je n’ai pris de pause. Ma gourde pleine et ma gorge sèche comme un désert en est la preuve. Je terminai mon bout avant de ramener le panier vers les filles. Comme j’étais en sueur et que la simple présence du tissu sur mon dos me faisait grincer des dents, j’enlevais mon chandail. Je devais être rouge comme un homard car les deux filles semblèrent bouche bée. Tout en me désaltérant, je leur dit :

-J’aurais du me méfier de l’intensité du soleil! Le résultat doit être affreux!

Je ris et me tournais vers le champ, que nous avons entièrement dégarnis de ces fraises. J’ignorais il était quel heure, mais le soleil n’allait pas se coucher bientôt à en juger par sa position dans le ciel. Il nous restait peut-être 3 voir 4 heures d’ensoleillement, comme nous sommes dans la journée la plus longue de l’année. Quoiqu’il en soit, j’avais encore terriblement soif et voilà que mon estomac se mis de la partie. Le petit pain que j’avais dévoré en vitesse à la gare me semble bien loin à présent. J’avais eu le temps de le digérer huit fois au moins! Me tournant vers les filles, je remarquais qu’elle réunissait leur récolte. Elles allaient bien les transporter quelque part pour les mettre à l’abri du soleil, voir pour les vendre directement. Je m’approchai d’elles après avoir terminé ma gourde :

-Ça vous dit encore un peu d’aide?
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MessageSujet: Re: Un premier jour d'été (Elizbeth)   Un premier jour d'été (Elizbeth) EmptyMer 16 Jan - 22:26

J’espérais qu’il avait compris mon message … Je n’étais pas ravie qu’il soit là, pour la simple et bonne raison, que c’était un pur inconnu … Je détestais les inconnus et j’étais toujours réticente envers eux. J’avais de la misère à donner ma confiance et je n’arrivais pas à me mettre dans la tête qu’il soit débarqué comme cela du trois pour nous offrir, par la suite, son aide. Il était rare, ici au district neuf, de voir des gens de d’autres districts. Nous savions que les limites n’existaient plus, mais je n’avais personne de mon entourage proche qui était allé dans les autres. Personnes n’avaient osé, je crois. Je pense que nous étions tous bien ici maintenant et que personne ne voulait prendre le risque de quitter le neuf, pour après se faire courir après par les gens du Capitole et nous faire punir. C’était comme si tout cela n’était qu’un piège … pour nous tester … Bref, nous ne savions plus quoi penser de tout cela. Nous voulions juste vivre tranquillement et profiter du calme qui régnait, à présent.

Enfin bref, si je revenais à ce mec, que d’ailleurs je n’avais aucune idée de son nom, c’était le premier étranger qui venait ici. Du moins, que j’avais connaissance. Ericka était beaucoup trop naïve! Bon ok, c’est cool que quelqu’un ait décidé de venir nous donner un coup de main, mais … Je ne sais pas ... Il m’énerve simplement à poser les yeux sur sa personne. Ohh et regardez-le sourire encore!

-C’est la moindre des choses… J’espère bien faire changer l’opinion que vous avez de moi d’ici la fin de la journée.

Tu peux toujours courir! Ce n’est pas en ramassant des fraises et en nous aidant à terminer ce champ que je vais arrêter de penser que tu n’es qu’un sale petit emmerdeur! Pardon? C’est bien un clin d’œil que je viens de voir là? C’était quoi son problème à lui? Il se prend pour qui? Respirant un grand coup, je lui grognai quelque chose en signe de réponse et je suivi Ericka afin de mettre le plus de distance avec lui. Je n’allais pas lui crier dessus … Non! Il fallait que je me contrôle sinon c’était à Éricka que j’allais avoir à faire. Je pris donc le rang suivant et je me mis tout de suite à la tâche. Je voulais que cette journée se termine et au plus vite. J’en avais marre et j’avais juste hâte de retourner à la maison afin d’être auprès de ma famille tranquille.

Nous avancions rapidement, pas le choix depuis des années que nous étions affectées à la récolte des petits fruits. Malgré nos genoux endoloris, nous pouvions faire plusieurs hectares en une seule journée et se n’était pas aujourd’hui que cela allait changer. Nous avions pris beaucoup de retard à cause de cet intrus et il n’était pas question de perdre mon temps encore plus longtemps. Je lançai un regard à Ericka, après plusieurs minutes. Elle me sourit et elle comprit mon non-verbal. Nous étions de nature joueuse et j’adorais tester les gens. D’ailleurs, j’avais influencé Ericka dans ce chemin. Nous décidions d’accélérer le pas simplement pour voir de quoi était capable ce jeune homme. Il l’avait dit qu’il était débutant, mais c’était toujours drôle de voir l’orgueil embarqué par moment. Cependant, après quelques mètres, je vis qu’il se rendit compte de notre manège puisqu’il accéléra à son tour. Malgré tout, je devais avouer qu’il était plutôt rapide pour un débutant. Secrètement, je donnai raison à Ericka. Il était hors de question de lui dire à haute voix! J’avais une certaine fierté tout de même! Non mais! Il nous aidait bien et il n’était pas encore quatre heures. C’était plutôt pas mal! Nous allions rentrer tôt ce soir! Habituellement, lorsque tu commençais ce job, les gens se plaignent après une heure de maux de dos, de genoux, de mains et les fraises ne s’accumulent pas dans le panier puisqu’ils passent le plus clair de leur temps à se les foutre dans la bouche. C’est vrai que c’était rafraîchissant une fraise de temps en temps, mais on s’entend que nous n’osions plus en manger après avoir vu Bethy se faire ruer de coup par un Pacificateur, car elle avait osé elle. Maintenant, nous pouvions nous le permettre et c’est même à l’instant, que je décidai de m’en cueillir une. M’arrêtant l’espace de quelques secondes, je m’assoyais au sol en étirant mes jambes devant moi afin de les étirer un peu. Ce que cela pouvait faire du bien! Choisissant avec soin ma fraise, je la portai à ma bouche en le savourant les yeux fermés. Ce que j’adorais ces fruits! Un faible gémissement sortit de ma bouche et je me fis ramener à la réalité en sentant quelque chose me percuter sur le bras. Ouvrant les yeux brusquement, je vis Ericka, sourire fendu jusqu’aux lèvres, me regarder d’un air joueur. Une peste! Voilà tout! Elle venait de gâcher mon moment avec la fraise! Faignant d’être outrée, je lui répondis :

- Tu veux bien me laisser déguster ma fraise tranquille sans avoir à me lancer un projectile espèce de peste! Tu as gâché mon moment!

Souriant malgré moi, je me redressai sur les genoux. Je lançai un regard un peu plus loin et le vit nous suivre de près. Il avait tenu la cadence! J’étais sérieusement étonnée! Lui qui ne connaissait rien … Il se leva et ramena les paniers vers nous sans rien dire. Sans porter attention à ce qu’il faisait, je me dépêchai de terminer mon rang. Il ne resta qu’un petit mètre afin de le rejoindre. À peine j’eu le temps de mettre deux fraises dans le panier qu’Ericka me donna un tappe sur le bras.

- Non, mais ça va pas!!!
- Chut ! Et regarde!


Levant mon regard dans la direction qu’elle me montra, j’eus comme un bug. Un putain de bug! Mais qu’est-ce qu’il fait lui à se promener à moitié nu? Il t’avait attrapé tout qu’un coup de soleil. Paix à son âme ce soir! Il va hurler de douleur. Mouahahah, Souriante, je regardai Ericka et lui donna une tape en retour.

- Non, mais ca va hen! Arrête de baver!

Je savais parfaitement ce que cet esprit malsain ancré en Ericka pensait. Un seul mot : SEXE ! C’était carrément ça ! Regardez-la baver et s’extasier devant ce mec. Soupirant à cause de cet esprit pervers, je le regardai de nouveau. Tout en buvant dans sa bouteille encore toute pleine, il nous adressa la parole, après plusieurs heures de silence.

-J’aurais du me méfier de l’intensité du soleil! Le résultat doit être affreux!

Effectivement! Tu peux bien rire! Tu vas souffrir ce soir, c’est moi qui te le dit! Tu aurais dû avoir un chapeau, mais le résultat est beaucoup trop jouissif pour que je m’apitoie sur ton sort. Oui, il avait tenu la cadence, mais il souffrait un peu en ce moment. Cela me suffisait tout d’un coup!

- Ce n’est pas si terrible! T’inquiète! Tout en lui adressant un sourire en coin. Bah quoi? Il n’avait qu’à avoir un chapeau.

Me levant, je m’approchai d’Ericka, qui venait de terminer le dernier rang. Nous joignons nos récoltes dans un petit traîneau sur roues. Bon, il ne restait plus qu’à pousser ce traîneau au stand principal et notre journée serait terminée. ALLELUIA!

-Ça vous dit encore un peu d’aide?

Encore torse nu lui! Je soutins son regard et lui souri discrètement. Pourquoi pas? Finalement, il offrait son aide alors pourquoi pas abuser! Il allait le pousser le chariot lui! De toute manière, il n’allait pas forcer à moitié …

- Eum … d’accord! Il faut pousser ce chariot au stand là bas! En lui pointa la direction au loin. Le stand devait être à, à peu près deux kilomètres de où nous étions. Ce n’était pas si terrible …

Je vis Ericka se mettre à ses côtés et sourire largement. Levant les yeux et soupirant contre elle, je me dirigeai dans sa direction en lui chuchotant à l’oreille.

- Je peux voir ton filet de bave! Ravale moi ça sinon c’est le frère qui ne sera pas content de voir que sa copine bave sur un autre mec!
Rigolant de mon effet sur ma belle-soeur, je me mis à pousser un peu le charriot afin de les inciter à m’aider.
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MessageSujet: Re: Un premier jour d'été (Elizbeth)   Un premier jour d'été (Elizbeth) EmptyJeu 17 Jan - 15:53


Quelle étrange journée. Mes passages dans ce district avait toujours été éclairs, mais plus régulier que dans n’importe quel autre district. Je n’avais jamais compris la fixation que j’avais pour le neuf. Il n’était pas riche, loin de là. Il y faisait souvent très chaud, comme maintenant. Les gens n’étaient même pas si agréables que ça aussitôt que je quittais les rues commerciales. Les attraits y étaient bien maigres si on prenait le temps de bien analyser la situation. J’avais depuis longtemps ce désir de venir ici. Tout comme je connaissais par cœur le chemin de ma maison, je venais ici comme si j’y habitais, ce qui était absurde car il n’y avait rien de plus faux que cela. Rien ne m’appartenait ici, je n’étais qu’un touriste qui ne pouvait pas arriver à comprendre leur mode de vie à ces gens du neuf, même avec de grands efforts. Plus j’y réfléchissais, maintenant que je pouvais le refaire comme la cueillette était terminée, moins mes idées devenaient claires. J’avais déduit en regardant le sourire de Liz que j’étais ici à cause d’elle. Lorsque j’avais vue sa photo il y a de cela plusieurs années, j’étais dans un épisode psychotique profond. Je n’avais pas le plein contrôle de ce que je faisais et encore moins des choses auxquels je pensais. Probablement par une association tordue, j’avais convenu que je devais aller dans le district 9, comme il était inscrit dans le bas de l’image. Mais, ça restait ridicule que j’en ai fait une routine. Qu’environ à tout les deux mois je prenne instinctivement la route vers ce district. Mon cerveau n’a pas pu être affecté à ce point, non? Il me manque toujours cet élément de mes souvenirs qui persiste à rester flou. Ce moment qui arrive juste après ma conversation avec le pacificateur obsédé. Bon Dieu, qu’ai-je donc fait pour me réveiller dans une cellule d’un hôpital psychiatrique du Capitole quatre mois après!?! Si seulement je pouvais me souvenir, peut-être que tout m’apparaîtrait clairement. J’ai déjà entendu quelque part que le cerveau avait parfois la fâcheuse habitude que bloquer les moments traumatisants de nos mémoires pour éviter des chocs éventuels. Parfois, le « mur » qui nous empêchait d’accéder à la vérité avait des failles et les gens développaient des problèmes avec leur subconscient, ils faisaient des cauchemars, etc. Bref, ils en étaient plus affectés que s’ils avaient été exposés tout bonnement à leur souvenir traumatisant. Quel idiot système de défense. Et le pire c’est que tout le filtrage de l’information nous échappe. C’est pour ça, entre-autre, que je me souviens parfaitement d’avoir dit à notre voisin de l’époque qu’il avait vraiment des sourcils immenses quand j’avais un peu moins de six ans, mais que je n’ai aucun souvenir ou presque de mes étés chez ma tante, périodes les plus heureuses de ma vie. Comme quoi le tri fait par le cerveau est injuste. Ce n’est pas vraiment le moment de s’en plaindre en fait. Liz accepta mon offre et lorsqu’elle se précipita sur le charriot pour commencerer à le pousser, je vins la rejoindre sans tarder.

Me concentrant une fois de plus sur cette nouvelle mission, je pris aussitôt le relai. Normalement, je n’ai pas tendance à surexposé ma force. Avec mon t-shirt laissé derrière et désormais hors d’atteinte ainsi que le poids du charriot, je n’avais pas vraiment le choix. Tous mes muscles endurcies par des années de boxe et d’endurance se réveillaient d’un seul coup et s’unirent pour me faire pousser notre récolte de fraises avec une vitesse non négligeable. Je dû même tourner la tête à un certain moment donné car les filles me semblaient traîné de la patte derrière. Oui, c’était facile pour elles maintenant de se mettre à jaser sans vraiment se préoccuper de moi. J’étais le gars fort qui leur portait leur cargaison, rien de plus que leur esclave à cet instant. Ouais, ouais, profitez-en vous deux, parce que je ne fais pas ça tous les jours. Comme j’approchais de la destination indiquée par Liz, je ne me mis pas à déraillé dans mes pensées. C’était plus intelligent et sécuritaire de garder le stand en vue sinon j’aurais tôt fait de le démolir en rentrant dedans. Je ralentis en arrivant et je m’assurai que le tout était stable avant de me reculer pour admirer mon travail. Je respirai un peu trop fort. Il faut dire que quand je reste ainsi concentré, j’oublie parfois une respiration ou deux et ça m’essouffle plus que nécessaire. Inspirant un grand coup pour rééquilibrer mon taux d’oxygène et de gaz carbonique dans le corps, je me tournais vers les femmes qui arrivaient sans se presser. Leur conversation devait être passionnante car la plus vieille était hilare et l’autre avait presque envie de l’étriper. J’avais comme le pressentiment qu’elles parlaient de moi. Non pas que ça me dérangeait, loin de là, mais j’avais remarqué les regards de l’aînée. Je savais pertinemment à quoi elle pensait et surtout à quoi Liz pensait quand elle réalisait que l’autre me dévisageait dangereusement. On aurait presque dit des sœurs à les voir rire dans mon dos. Comme j’aurais aimé avoir une famille comme la leur. Me sentant pour la première fois mal à l’aise devant elles, j’eus envie de leur dire au revoir maintenant, alors qu’elles étaient à peine arrivées à moi. Mais quelque chose me retenait encore et toujours. Allais-je un jour être libéré de cette force qui me tient prisonnier près de Liz? Il s’agit d’un phénomène nouveau, mais justement, cela m’épuise et m’agace de ne jamais aboutir à notre fameuse conversation sur ce pacificateur. Je me mis à regarder la plus vieille avec reproche et elle du le remarquer car elle s’arrêta net de rire et repris son sérieux. Oups, je ne voulais pas la mettre contre moi… Elle s’éloigna de nous, sans un mot, et alla plutôt s’occuper d’aménager le stand. C’était ma chance. Je n’aurais peut-être plus d’autres occasions :

-On ne s’est même pas présenté. Je m’appelle Elroy Cordell…

Pause. Respiration de 5 secondes :

-Et si tu as quelques minutes, j’aimerais vraiment te parler de quelque chose…

Nouvelle pause d’angoisse, tout aussi courte :

-Je sais que je suis un parfait inconnu pour toi mais moi… Je te connais…

J’aurais du laisser plus de temps pour qu’elle me réponde entre mes répliques, mais mon impatience à lui livrer mon secret avait finit par remporter la partie. J’ignorais comment elle réagirait. Si c’était en mal, je ne savais pas si l’étendu des dégâts allaient permettre que je lui adresse la parole de nouveau après ça. Mais si, au contraire, j’allais susciter chez elle la curiosité nécessaire pour ne pas qu’elle me repousse, j’avais peut-être une chance de me vider le cœur. J’espérais sincèrement que je ne faisais pas le mauvais choix en lui parlant maintenant. J’espérais que je n’allais pas la détruire à cause de mon impatience… Irresponsable que je suis!
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